LES CRITERES DIAGNOSTIQUE DE L’AUTISME

Beaucoup de personnes se demandent comment se diagnostique l’autisme et surtout quel spécialiste s’en occupe. Avant toute chose, vous devez savoir qu’il y a plusieurs étapes et spécialistes qui sont chargés de le dépister. C’est pourquoi vous avez peut-être déjà entendu le terme d’équipe pluridisciplinaire en particulier pour les enfants avec l’orthophoniste, le psychométricien, l’ergothérapeute….

Toutefois, vous devez savoir que.le premier et le principal que vous devez contacter est le neuropsychologue. Celui qui est chargé de faire passer toute la batterie de tests et de questionnaires avant de rédiger un compte-rendu détaillant ses conclusions. Ensuite, si celui-ci va dans le sens d’un diagnostic d’autisme, vous devrez prendre rendez-vous avec un psychiatre qui validera ces conclusions et posera officiellement le diagnostic.

La partie ci-dessous est un peu plus technique, mais vous pourrez y trouver les détails de la procédure.

Première aire :

Dysfonctionnements persistants de la communication et des interactions sociales que ce soit au cours de la période actuelle ou dans les antécédents :

  1. Déficit de la réciprocité sociale ou émotionnelle
  2. Déficit des comportements de communication non verbaux utilisés au cours des interactions sociales
  3. Déficit du développement, du maintien et de la compréhension des relations.

Seconde aire :

Les caractère restreint et répétitif des comportements, des intérêts ou des activités que ce soit au cours de la période actuelle ou dans les antécédents :

  1. Caractère stéréotypé ou réplétif des mouvements, de l’utilisation des objets ou du langage
  2. Intolérance au changement, adhésion inflexible à des routines ou à des modes comportementaux verbaux ou non verbaux ritualisés
  3. Intérêts extrêmement restreints et fixes, anormaux soit dans leur intensité, soit dans leur but
  4. Hyper ou hypo-réactivité aux stimulations sensorielles ou intérêt inhabituel pour les aspects sensoriels de l’environnement.

Que ce soit dans l’une ou l’autre aire il faut également spécifier la sévérité actuelle qui repose sur l’importance des dysfonctionnements rencontrés.

Les niveaux de sévérité du trouble du spectre de l’autisme sont répertoriés en niveaux d’aide allant de 1 à 3 en sachant que le :

  • Niveau 1 correspond à une aide nécessaire
  • Niveau 2 correspond à une aide importante nécessaire
  • Niveau 3 correspond à une aide très importante nécessaire.

Par ailleurs ces symptômes doivent avoir été présents dés les étapes précoces du développement et occasionnent un retentissement cliniquement significatif en termes de fonctionnement actuel social, scolaire, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

Il faut savoir que pour un clinicien exerçant chez les adultes sans déficience intellectuelle, l’important est de réussir à lister précisément l’ensemble des stratégies compensatrices mises en place par la personne.

Important :

Il s’agit d’aller rechercher les comportements et processus de pensée entrant dans le cadre des critères diagnostiques de l’autisme :

  • La qualité de la réciprocité sociale ou émotionnelle
  • Les comportements de communication non verbaux utilisés au cours des interactions sociales
  • Des informations sur le développement, le maintien et la compréhension des relations passées et actuelles dans tous les domaines de la vie, les compétences linguistiques et conversationnelles pragmatiques, la compréhension des signaux sociaux dans divers contextes et situations.

Il faut savoir que bien que le vocabulaire et la grammaire soient probablement à la mesure des capacités cognitives de la majorité des adultes sans déficience intellectuelle, il peut y avoir des manques dans d’autres domaines du langage comme la prosodie ainsi que le langage sémantique et pragmatique. L’idéal étant de pouvoir observer la personne dans son environnement social naturel.

  • La présence d’un caractère stéréotypé ou répétitif des mouvements, de l’utilisation des objets ou du langage : identifiant la gamme et la gravité des comportements stéréotypés et répétitifs
  • Une intolérance au changement, adhésion inflexible à des routines ou à des modes comportementaux verbaux ou non verbaux ritualisés
  • Des intérêts extrêmement restreints et fixes, anormaux soit dans leur intensité, soit dans leur but. Le clinicien doit établir la nature, omniprésence, intensité et impact de ces comportements sur le fonctionnement social et les relations avec des exemples passés ou récents en n’oubliant pas que pour de nombreux adultes ces comportements sont également souvent leur force particulière pouvant influencer positivement de nombreux domaines de leur vie.
  • Des hyper ou typo-réactivités aux stimulations sensorielles par le biais de mesures d’auto-évaluation.

Prévalence :

Selon Tony Attwood (2018) dans son livre Le syndrome d’Asperger. Guide complet, à ce jour il y aurait 95 % des cas encore non diagnostiqués.

Méthodologie du bilan entrant dans le cadre de la démarche diagnostique du TSA

  1. Effectuer l’entretien initial pour comprendre la demande

Dés le premier contact, il faut avoir pour objectif de se positionner en tant qu’accompagnant de la personne dans son parcours de vie et cela sans vouloir la convaincre à tout prix d’entrer dans une démarche diagnostique ni vouloir l’aider à accepter ses manifestations comportementales actuelles. Pour cela, les techniques d’entretien clinique cognitivo-comportementales sont les meilleurs outils à disposition avec l’alliance thérapeutique, la méthode des 4 R et l’entretien motivationnel.

De plus, l’entretien initial devrait être également comprendre l’observation clinique (attitude, langage non verbal, expressions faciales et émotionnelle, façon de se mouvoir) et des tests de despitages dont les questionnaires ont pu être envoyés à l’individu  et renvoyés au clinicien avant la consultation. Nous trouvons ainsi :

  • Le Questionnaire de Communication Sociale pour le Dépistage du Trouble du Spectre de l’Autisme (SCQ, Rutter et al, 2003) qui est un incontournable
  • Le Quotient du spectre autistique (AQ, Baron-Cohen et al, 2001)

Tout cela devrait vous permettre de poser vos premières hypothèses et de vous diriger vers la démarche de bilan.

  1. Préparer la structure du bilan
  1. L’anamnèse socio-médicale peut être faite par le biais d’un questionnaire envoyé en amont, par exemple celui de la clinique FOCUS.
  2. Le choix des outils ne doit pas faire oublier que l’entretien doit être centré sur la personne et ses comportements car, jusqu’à présent, aucun test neuropsychologique n’a un pouvoir prédictif positif suffisant pour être utilisé en toute confiance. Le diagnostic de TSA est établi sur la base de preuves comportementales en sachant que les personnes peuvent avoir d’acquis un niveau de fonctionnement adaptatif relativement satisfaisant grâce à des stratégies compensatoires. Il s’agira donc de la questionner sur les stratégies utilisées au fur et à mesure des tests.
  • L’ADI-R (seulement si les signes cliniques ne sont pas évidents)
  • L’ADOS-2 (privilégier le module 4 pour les adultes sans retard de langage)
  • L’ASRS (complétée par un proche de la personne)
  • Le BPASS (également administrable en hétéroévaluation aux proches)
  • Le questionnaire de l’amitié FQ de Baron-Cohen (autoévaluation)

Pour la Théorie de l’esprit :

  • Histoires étranges de Frith et Happé
  • Les Faux pas de Baron-Cohen
  • Le Cambridge Mindreading Face-Voice Battery de Golan et al
  • Le MASC (film comportant 46 séquences)

Il peut aussi y avoir :

  • La batterie ClaCos par les éditions Hogrefe (Consensus autour de la Cognition Sociale)
  • L’ACSo (autoévaluation)
  • Le TREF (Test de Reconnaissance des Emotions Faciales)
  • Le PerSo (Test d’évaluation de la Perception et des connaissances Sociales)
  • L’AIHQ-S (Test d’évaluation du style attireibutionnel)

Femmes avec autisme :

  • Le Q-ASC (permet d’identifier les comportements et les capacités correspondant à la présentation féminine de l’autisme). (Voir annexe)
  • Empathie :
  • Le Quotient Emphatique de Baron-Cohen et Wheelwright (autoévaluation)
  1. Le carnet de santé et les comptes rendus antérieurs
  2. L’enregistrement des séances

Après autorisation écrite, permet de gagner en finesse clinique et de faire des observations lorsque la personne est seule.

  1. L’enquête centrée sur la personne

L’enquête clinique sera composée de plusieurs outils comme.un recueil d’informations anamnestiques, l’entretien clinique de la personne, de ses proches, d’autres professionnels, l’observation de la personne, la. passation d’auto et d’hétero-questionnaires ainsi que l’utilisation de tests de laboratoire et les anciens rapports, relevés de notes et de stages.

  1. Mener l’enquête en étant guidé par des hypothèses
  1. La technique de l’entonnoir
  • Identifier les préoccupations actuelles
  • Déterminer si les symptômes actuels sont suffisants
  • Déterminer si les symptômes étaient présents durant l’enfance
  • Déterminer si les symptômes entraînent un problème fonctionnel cliniquement significatif dans deux ou plusieurs contextes
  • Mettre en évidence les stratégies de compensation et les camouflages
  1. L’Analyse fonctionnelle des symptômes

Chercher à comprendre les mécanismes sous-jacents poussant la personne à produire tel ou tel comportement symptomatologique.

  • Méthode de la question différenciante
  • Diagnostic différentiel
  1. Entretien avec les proches
  2. Déterminer le degré de sévérité des symptômes

Pour aider à mieux déterminer la sévérité des symptômes et leurs impacts sur la vie quotidienne de la personne, il est conseillé de procéder avec la méthode de Surman (2012). Il faudra définir avec la personne les termes « léger, moyen ou sévères » afin de les rendre plus concrets et représentatifs. Ensuite, trois variables sont à prendre en compte :

  • La fréquence des symptômes
  • Les efforts mis en oeuvre pour compenser ces symptômes
  • L’impact réel de ces symptômes lorsque l’effort de compensation a été mis en place.

LEGERS

MODERES

SEVERES

Fréquence des comportements ou impact sur la vie quotidienne faible

Apparition fréquente ou nuisance pour réaliser les tâches quotidiennes

Se produisent très fréquemment ou  impactent de façon très importante la vie quotidienne

  1. Restituer les conclusions à l’oral et à l’écrit

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