Il y longtemps, si longtemps que personne ne peut s’en souvenir, vivait un prince qui rêvait de posséder une petite fée. Mais pas n’importe quelle fée, il la voulait si douce, si mignonne que l’amour qu’il éprouverait pour elle serait le plus puissant de tous les amours du monde.
Il traversa l’univers de bout en bout afin d’en trouver une. Et les fées ne manquaient pas, il en rencontra de toute sorte mais aucune ne lui semblait aussi féérique qu’il le désirait et il ne savait comment s’assurer de la véracité de leur magie. Aussi, il revint dans son royaume, bien affligé de n’avoir pas trouvé celle dont il avait tant rêvé.
Un soir, une énorme tempête se leva. Le temps était horrible, le vent hurlait, l’orage tonnait, la pluie tombait à torrent. C’était si épouvantable que même les murs du château craquaient d’effroi. Et c’est au milieu de tout ce capharnaüm que tout à coup, l’on entendit quelqu’un frapper à la lourde porte du palais.
C’était une fée, mais dans quel état. La pluie et l’orage s’étaient infiltrés par tous les pores de sa peau. L’eau ruisselait de ses vêtements, dégoulinait de ses cheveux et collait ses ailes de la plus vilaine des façons. C’était une fée à n’en pas douter mais était-ce la fée ?
Le prince décida qu’il en aurait le cœur net. Alors qu’elle était aux mains des servantes chargées de la baigner, de la nourrir et de la réconforter, il demanda à la gouvernante de préparer l’appartement spécial pour leur invitée.
Une fois restaurée et alors qu’elle tombait presque d’épuisement, il la conduisit lui-même à l’étage afin qu’elle puisse se reposer. Il la fit entrer dans la plus belle chambre qu’elle ait jamais vue de sa vie. Imaginez-vous, le marbre le plus blanc et le plus précieux, des dorures à l’or fin, des tentures si délicates et irisées qu’on aurait pu les croire sorties d’un rêve. Des meubles faits du bois le plus précieux et travaillés par les meilleurs ébénistes du monde et un lit, extraordinaire ! En forme de cygne, il trônait au centre de la pièce et en s’en approchant, on pouvait voir que ce que l’on prenait pour de véritables plumes était en fait des millions de petites sculptures les imitant parfaitement. Le matelas, les coussins et les couvertures avaient le moelleux et le gonflant qu’aurait pu avoir le plus doux des nuages s’il avait été possible de s’étendre dessus. La petite fée ouvrait des yeux ronds comme des soucoupes devant cette chambre digne d’une impératrice.
Sérieux, le prince lui prit la main et lui dit ces quelques mots « je vous ramènerais ici tout à l’heure afin que vous puissiez vous reposez demoiselle, mais avant je voudrais vous montrer quelque chose si vous me le permettez ? ». Intimidée, elle ne répondit pas mais serra sa grande main dans sa petite menotte pour indiquer qu’elle lui donnait son accord. Il la conduisit donc dans une autre chambre, plus simple, plus masculine mais chaleureuse comme le sont les pièces où la sérénité est reine. Un feu de cheminée, un fauteuil aussi confortable que patiné, plusieurs livres ouverts ou fermés sur une petite table, un grand lit en teck et dans un petit coin de la pièce, contrastant totalement avec le reste de la chambre, une alcôve douillette entièrement peinte de couleurs pastel. Un petit coin rempli de coussins moelleux, de couvertures confortables, de peluches toutes douces et de livres d’images. Sur une petite étagère en hauteur, on pouvait également y voir des boîtes à musique et des automates représentant des oiseaux, des personnages de contes et des miniatures si parfaitement travaillés que l’on aurait pu passer des heures à les regarder bouger sans s’ennuyer.
Sans rien dire, il lui reprit la main et la ramena vers la chambre au cygne impérial afin qu’elle puisse s’endormir dans la couche qui lui avait été dévolue.
C’est le lendemain matin, alors que quelqu’un lui amenait un petit-déjeuner consistant que l’on s’aperçut que la petite fée avait disparu. Que d’affolement et d’agitation pour la retrouver, jusqu’à ce que la gouvernante ose enfin se rendre dans les appartements du prince pour le prévenir. C’est en lui faisant signe de garder le silence qu’il ouvrit la porte et lui désigna la petite alcôve où la fée était venue se réfugier au milieu de la nuit et dormait maintenant blottie contre un dragon en peluche deux fois plus gros qu’elle.
Convaincu d’avoir trouvé la petite fée de ses rêves, le prince la garda auprès de lui pour toujours. Depuis cette histoire, une légende raconte que, camouflées au pays des hommes, de nombreuses petites fées existent encore dans le monde et qu’il faut être un prince véritable pour savoir les reconnaître et les apprivoiser.
J’adore, à quand un recueil de tes histoires pour les partager encore et toujours
Qui sait ? Je vais peut-être finir par me laisser tenter (hihihi)