LOU : LA PETITE CHENILLE QUI VOULAIT VOIR L’HIVER

Lou était une petite chenille pas comme les autres. Elle était née toute blanche et lorsqu’il y avait de la lumière, elle se mettait à briller de mille feux. Ses parents l’aimaient comme elle était, mais les autres chenilles ne voulaient jamais rester à côté d’elle à cause de sa différence.

Il faut dire que la vie peut être compliquée pour une chenille. Minuscule, elle n’a rien pour se défendre lorsqu’elle se retrouve face à plus gros qu’elle. Du coup, vous comprenez bien qu’une chenille blanche, brillante et qui attire tous les prédateurs à des kilomètres à la ronde, n’était pas la meilleure amie que l’on puisse vouloir. Petite Lou était donc obligée de passer la plus grande partie de ses journées enfermée sous terre et quand elle pouvait sortir personne, en dehors de ses parents, ne voulait l’accompagner. C’est pourquoi elle se sentait souvent triste dans sa petite vie solitaire, surtout lorsqu’elle entendait les autres chenilles rire et s’amuser ensemble.

Un jour sans soleil, alors qu’elle avait eu la permission d’aller dehors, elle grimpa sur un drôle d’objet tout lisse et tout plat. Alors qu’elle se demandait ce que c’était, sa maman affolée se mit à ramper de tout côté en l’appelant bien fort.

— Lou ! Lou où es-tu ?

— Je suis là Maman ! Ne me vois-tu donc pas ? Sa maman se mit à rire.

— Je comprends tout, tu es sur une photo de neige.

— ?

— La neige c’est un immense tapis blanc et froid qui recouvre tout ce qui existe sur terre.

— Blanc comme moi ? Alors, avec la neige je pourrais sortir tous les jours ?

— Non ma chérie. La neige n’est présente qu’en hiver et les chenilles dorment en hiver.

Lou ne dit rien ce soir-là. Elle pensait à l’hiver et à la neige dans laquelle elle pourrait se promener sans que quiconque ne la voie. La petite chenille se promit qu’elle verrait le prochain hiver mais n’en souffla mot à personne afin de ne pas inquiéter sa famille.

Les jours et les saisons passèrent. Le froid pointa le bout de son nez et il fut temps pour chaque chenille de s’endormir bien au chaud sous la terre. Chaque chenille ? Non, car Lou avait toujours en tête son rêve de voir l’hiver et la neige, elle attendit que ses parents dorment profondément et se faufila jusqu’à la surface. Elle fut époustouflée par la beauté du paysage. La nature était immaculée, brillante et tranquille comme une nuit étoilée. Elle avait l’impression que plus aucun obstacle ne pourrait freiner sa découverte du monde. Elle se sentait libérée du carcan de la différence car ce coup-ci, elle ressemblait à tout ce qui l’entourait. Elle commença à glisser sur la neige, mais fut totalement saisie par le froid glacial de l’hiver. Têtue, elle continua quand même, ce n’était pas un peu de gel qui allait la faire renoncer à ses rêves. Malheureusement, son ventre si tendre n’était pas fait pour supporter une telle température et frigorifiée, elle dut se réfugier dans le premier arbre venu afin de pouvoir se réchauffer un peu. Epuisée, elle se roula en boula à l’endroit le plus touffu et elle s’endormit sans demander son reste.

Elle dormit longtemps, assez longtemps pour ne pas se rendre compte que quelque chose d’étrange était arrivé à l’arbre qui l’abritait. La petite chenille ignorait deux choses à son sujet. La première était le fait qu’il s’agissait d’un sapin et la seconde était que dans le monde des humains, les sapins étaient emmenés dans les maisons afin d’y servir de décoration pour la jolie fête de Noël. Et je pense que vous avez déjà deviné que c’était ce qui venait de se passer.

Lorsque Lou se réveilla, elle se trouvait bien au chaud dans la salle de réception d’une grande maison. Elle tourna la tête en tout sens et fut ébloui par le décor somptueux de cette soirée de réveillon. Chacune des branches du sapin portait une petite bougie dont la flamme dansait et faisait briller les pommes de pins recouvertes de peinture dorée qui se trouvaient tout autour. Au sol, une multitude de paquets enrubannés attendait les enfants de la maison et sur la table, la porcelaine des grands jours brillait en attendant les agapes du repas de fête.

Comme c’était beau ! Pour une petite chenille ayant passé la plus grande partie de sa vie sous terre, cette féerie dépassait tout ce qu’elle aurait pu souhaiter en ce monde. Elle voulait se remplir les yeux de toutes ces merveilles afin de s’en souvenir pour toujours et, oubliant toute prudence, elle commença à se couler entre les aiguilles du sapin afin de mieux voir le décor. Sans qu’elle ne s’en rende compte, elle avait accroché l’un de ses petits poils duveteux à la résine de l’arbre et elle commença à s’étirer, s’étirer au fur et à mesure de son crapahutage. Elle parcourut l’arbre en tout sens et son petit corps s’allongea autant qu’il put. De plus, les bougies et les lumières de la pièce se reflétaient dans sur le joli duvet blanc et le faisait briller comme jamais le soleil n’avait réussi à le faire. On ne voyait plus que Lou qui encerclait le sapin de toute sa lumière et évidemment, lorsque les enfants des hommes entrèrent en courant ils furent subjugués par le spectacle qu’elle offrait.

Tout le monde fut émerveillé, c’était le plus beau sapin de Noël qu’ils n’avaient jamais vu de leur vie et au bout d’une heure, prévenus par la rumeur, tous les habitants de la rue étaient réunis afin de profiter de ce magnifique spectacle.Lou, petite chenille blanche et brillante, s’était transformée par la magie de Noël en une belle guirlande scintillante et c’est depuis ce jour que nous mettons dans nos sapins de Noël des guirlandes qui les habilleront et les feront briller comme jamais.

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